Manifestation du 25 mai : la grève des mères (édito 20/05/03)

mardi 31 mars 2009

En choisissant le dimanche 25 mai - jour de la fête des mères - pour manifester contre la réforme des retraites, les grands syndicats soulignent bien involontairement la profonde injustice du système français.

Dans un système de retraite par répartition en effet (et dans un moindre degré aussi dans un système par capitalisation), ce sont les actifs qui payent pour les inactifs. Ce sont les naissances d'aujourd'hui qui permettent de financer les retraites de demain.

Or, compte tenu des interruptions de travail et d'une plus grande indisponibilité, plus une femme a d'enfants, moins elle a de droits à la retraite.

Une femme sans enfants ou avec un seul enfant pourra facilement obtenir une retraite complète.
Une femme avec trois ou quatre enfants, même en bénéficiant des rares avantages familiaux prévus par le système, aura, elle, une retraite souvent partielle et toujours amoindrie.
Ce sont pourtant les enfants de la seconde qui paieront la retraite de la première.

À un moindre degré, le même phénomène existe pour les pères : les contraintes familiales en termes de logements, de déplacements ou de disponibilité jouant dans le sens d'une minoration des perspectives de carrière.

C'est ce type de mécanisme profondément déstabilisant qui explique la crise démographique et ses conséquences sur les retraites.

Sur le long terme, pour un peuple, pour une nation, pour l'équilibre social, la pire grève, c'est la grève des mères !


Jean-Yves Le Gallou
20/05/2003
Polémia
 

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